"Loin d’être terminée, la crise agricole s’est malheureusement
aggravée. Nul ne peut rester indifferent, insensible, face au désespoir du
monde agricole.
La colère gronde dans nos campagnes. A la crise économique, à
la fracture sociale et territoriale, s’ajoute maintenant la désespérance
morale.
Tous les deux jours, un suicide touche cette profession. Il y a donc urgence car la situation est d’une extrême gravité.
Il y a urgence à agir pour redonner de la visibilité, de l’espoir, ainsi qu’un
véritable avenir à nos agriculteurs.
Il est temps, par exemple, de faire enfin entendre la voix des
paysans de France à Bruxelles, car cette crise agricole doit d’abord être
appréhendée dans un contexte global et, en particulier européen. La clause de
revoyure de la politique agricole commune constitue un vrai sujet.
La mobilisation des deux piliers de la politique agricole
commune que sont la compétitivité agricole et le développement de l'agriculture
en sont deux autres. Quelle agriculture souhaitons-nous pour la France ?
Il nous faut, dès maintenant, anticiper et préparer la nouvelle
politique agricole commune pour que notre modèle agricole francais reste le fer
de lance et le fleuron de la production
agricole en Europe.
Contester les règles de l’Union européenne ne suffit pas !
Dans un marché européen marqué par une concurrence
exacerbée encadrée par des règles du jeu collectives, il faut se battre ! Se battre pour convaincre nos partenaires européens sur
des sujets qui engagent les intérêts vitaux de notre pays - l’agriculture en
est l’un des points incontournables - se battre pour que nos agriculteurs ne soient pas soumis à un rapport de force dans cesse déséquilibré ; se battre pour que notre agriculture
retrouve sa première place parmi les
pays agricoles européens.
Mais, actuellement l’Union européenne ne peut pas se mettre en
ordre de bataille. Son commissaire européen à l’agriculture et au développement
rural, monsieur Phil HOGAN, qui est aujourd'hui à Paris, ne semble pas
envisager l’agriculture comme un enjeu vital pour la satisfaction de nos
besoins alimentaires et la préservation de nos territoires.
Au plan national, je regrette que le gouvernement ait manqué le
rendez-vous de la compétitivité ; rendez-vous que nous lui avions donné il
y a quinze jours au moment de la discussion, à l’Assemblée nationale, de la
proposition de loi en faveur de la compétitivité de l’agriculture, issue des
rangs des Républicains.
Et c’est parce que ce texte provenait des députés Républicains,
soutenu par l’UDI, alors qu’il avait pourtant été voté au Sénat avec les voix des sénateurs socialistes, que
la majorité socialo- écologiste de l’Assemblée nationale a voté une motion de
procédure parlementaire rejetant d’emblée cette proposition, sans même qu’il y
ait débat dans l'hémicycle.
Pourtant, la compétitivité est un enjeu crucial pour notre
agriculture et nos agriculteurs méritent mieux que des postures politiciennes.
Ils attendent de nous d’agir en responsabilité, au-delà des clivages partisans
et des oppositions de principe.
Avec cette proposition de loi, nous avions l’opportunité d’avancer
sur trois enjeux majeurs que sont la transparence, l’investissement et la
compétitivité.
Ce texte permettait également d’assouplir et d’harmoniser la réglementation
sur les installations classées et d’alléger les charges sociales et fiscales qui
sont appliquées aux agriculteurs.
Nous avions là la possibilité de répondre à plusieurs problèmes
qui affectent les filières de l'élevage et l’industrie agroalimentaire, en
particulier sur la compétitivité (parce que nous sommes dans un marché mondial),
sur l'environnement fiscal défaillant et beaucoup trop compliqué, sur le manque de transparence et sur l'inégale
réparation de la valeur ajoutée tout au long de la chaîne de production.
La région des Pays-de-la-Loire soutient les agriculteurs
Aux côtés de Bruno RETAILLEAU et Yannick FAVENNEC, le conseil régional des Pays-de-la-Loire se mobilise pour les agriculteurs. |
L’engagement de la région des Pays-de-la-Loire en faveur de son agriculture et de ses agriculteurs est une nécessité et une priorité absolue.
C’est pourquoi, je ne peux que me réjouir et me féliciter que ce
qui fut l’un des engagements fondamentaux de notre campagne électorale
régionale de l’automne dernier, se concrétise aujourd'hui.
Même si la région ne détient pas toutes les clefs pour surmonter
les difficultés structurelles auxquelles fait face la profession agricole, notre
première responsabilité est d’être solidaire avec les agriculteurs en utilisant
tous les leviers à notre disposition pour surmonter la crise et préserver le
potentiel agricole de nos cinq départements.
Les priorités définies et les mesures qui vont les accompagner
concrètement représentent un effort significatif de la part de notre
collectivité.
Elles ne peuvent pallier les insuffisances européennes, ni les
atermoiements du gouvernement mais elles représentent une vraie bouffée d’oxygène
pour les agriculteurs ligériens.
Je pense en particulier à tout ce qui concerne l'accompagnement
des agriculteurs en difficulté, notamment à travers la participation de la
région au mécanisme de l’année blanche bancaire promise par l’État, le
déblocage rapide de l’instruction et du paiement des aides 2015 grâce au
renforcement temporaire par la région des équipes mises en place par l'Etat ou
encore l’accompagnement de la région pour renforcer le réseau de soutien aux
agriculteurs en détresse.
Je salue aussi la volonté de notre assemblée de lutter contre l’hystérie
normative qui sont autant de sources de découragement et de démotivation en
particulier de nos éleveurs en engageant un moratoire et une revue générale des normes régionales. J’aurais aimé
le même objectif de la part du gouvernement qui a une fâcheuse tendance à
surtransposer les directives européennes
en la matière.
Enfin, je suis heureux que le conseil régional inscrive ce plan
de soutien à l’agriculture dans une volonté de développement de l’approvisionnement
local dans la restauration collective à l’image des initiatives prises dans ce
domaine par des départements tels que celui de la Mayenne, en lien avec la
chambre d’agriculture.
Parce que l'agriculture est un pilier stratégique de notre
économie régionale, la région des Pays-de-la-Loire avec ce plan d’actions
prioritaires, affiche une ambition pour l’agriculture et se donne les moyens d’accompagner
les agriculteurs ligériens dans un moment de grande crispation et d’interrogation
quant à leur avenir. "
Yannick FAVENNEC.