Crise agricole : Quelles actions des responsables
politiques pour quelles réponses concrètes et efficaces ? Tel est le thème du prochain forum-débat que le député UDI de la Mayenne organise le 28 avril à Ernée.
A travers un "Trois questions à Yannick FAVENNEC", découvrez les raisons de l'organisation de cette réunion.
Pourquoi
avoir décidé d’organiser ce forum-débat sur la crise agricole ?
Je constate depuis des
mois qu’il y a un climat de défiance à l’égard du monde politique, de la part
des Français en général et notamment des agriculteurs. Tous attendent de nous
de la lucidité, du pragmatisme, des solutions réalistes et des résultats
concrets : pas de blablas mais des résultats !
J’entends de plus en plus sur
le terrain : « Que faites-vous
pour nous ? » et je mesure à que point la communication se fait
mal, voire est rompue. En paraphrasant Jacques
CHIRAC en 2002 lors du Sommet de la Terre en Afrique du sud, j’ai envie de dire
que les agriculteurs ont le sentiment de voir les crises agricoles se succéder
avec fracas, notre agriculture brûler, pendant que nous regardons
ailleurs.
Aussi, est-il plus jamais
nécessaire de réinstaurer le dialogue, de sortir d’un mécanisme de
confrontation permanente, afin de travailler ensemble à une sortie de crise. C’est
pourquoi j’ai décidé d’organiser ce forum-débat le 28 avril prochain à Ernée. Comme j’ai pu le faire
auparavant pour la Sacem, la
téléphonie mobile, la bioéthique…, je veux recréer les conditions d’un échange
constructif avec les agriculteurs, leur
donner la possibilité d’être entendus mais aussi de connaître ce que chaque élu
fait pour les sortir de cette situation dramatique.
J’ai ainsi invité à animer ce forum-débat, deux
anciens ministres de l’Agriculture et du Budget aujourd’hui respectivement
député au Parlement français et député au Parlement européen, Dominique
BUSSEREAU et Jean ARTHUIS.
J’ai également convié, un autre député européen,
membre suppléant de la commission agriculture au Parlement européen, Angélique
DELAHAYE.
La région des Pays-de-la-Loire
sera aussi représentée avec Lydie BERNARD, vice-présidente de la région,
présidente de la commission agriculture et Florence DESILLIERE, conseillère
régionale, vice-présidente de la commission agriculture, ancienne présidente de
la chambre d’agriculture de la Mayenne.
Quel
est le contexte économique en matière agricole actuellement ?
Il est extrêmement difficile
pour les entrepreneurs agricoles. En effet, il y a une évolution très défavorable
des marchés agricoles qui entraîne une spirale infernale de la baisse des prix
des produits agricoles. Ainsi, par exemple, les prix du lait ou du porc
proposés aux agriculteurs sont inférieurs à leurs coûts de production.
De nombreux facteurs
exercent une influence négative sur les prix, comme la forte pression de
l’industrie alimentaire qui tend à déséquilibrer la relation commerciale,
l’embargo russe qui a contribué à la chute des exportations française de
viande, de produits laitiers et de fruits et légumes, le ralentissement de la croissance (et de la
demande) en Chine, la sécheresse de l’été 2015, la suppression des quotas
laitiers le 31 mars 2015…
Tout cela ne permet pas
d’assurer un niveau de vie équitable aux exploitants agricoles alors que c’est
un des buts de la Pac (politique agricole commune).
Il est donc évident qu’une
thérapie d’urgence est nécessaire !
Puisqu’il
est urgent d’agir, que font les politiques en ce sens ?
Chacun à son niveau se
mobilise. Le département a ainsi décidé que les cantines scolaires seraient
approvisionnées en produits locaux.
La région des Pays-de-la-Loire
a mis en place un premier plan de soutien au monde agricole qui vise notamment
à accompagner les agriculteurs en difficulté au travers d’une participation de
la région au mécanisme de l’année blanche bancaire promise par l’Etat, à débloquer
rapidement l’instruction et le paiement des aides 2015, à renforcer le réseau
de soutien aux agriculteurs en détresse.
La région a également déclaré un
moratoire et une revue générale des normes régionales pour lutter contre
l’hystérie normative.
L’Etat, classiquement a
accordé des aides, élaboré des plans de soutien mais ils paraissent bien
insuffisants !
Je crois qu’il faut opter pour une politique agricole qui
sécurise davantage la production agricole. Ainsi, les milliards d’euros d’aides
agricoles européennes perçus annuellement par la France devraient pouvoir être
utilisés différemment et permettre de préserver les agriculteurs des variations
erratiques des marchés mondiaux.
La Commission européenne,
quant à elle, a adopté en septembre 2015 un train de mesures s’élevant à 500
millions d’euros. Ce faisant, elle espère notamment, pouvoir répondre aux
difficultés de trésorerie des agriculteurs, stabiliser les marchés, améliorer
la chaîne d’approvisionnement. Mais peut-être est-ce trop tard et trop
peu !
Les politiques ne restent
donc pas inactifs. Cependant, d’autres actions sont possibles, plus efficaces,
plus pérennes, notamment au niveau national.
L’Etat doit engager une réforme
structurelle, adopter une orientation stratégique adéquate et pour ce faire,
être plus réceptif aux légitimes attentes du monde agricole.
Yannick FAVENNEC.