La décision de l'Assemblée nationale de ne pas voter en
faveur d'une inscription dans la loi d'une interdiction du glyphosate suscite
de nombreuses réactions aussi, je
souhaite apporter un certain nombre de clarifications à la question :
Il n'y a pas de lien entre l'expérimentation de drones
pour l'épandage, dans certaines conditions, sur la vigne et l'utilisation du
glyphosate qui est un herbicide.
Le cadre législatif actuel est suffisant pour la mise en œuvre de l'engagement du Président Macron d'une interdiction du glyphosate d'ici trois ans, par un retrait des autorisations de mise sur le marché sur proposition de l'ANSES.
Inscrire malgré tout l'interdiction dans la seule loi française est contreproductif : elle mettrait la France en dehors des clous du droit européen et affaiblirait sa position dans les négociations avec ses partenaires.
Contrairement à ce que répètent les
polémistes, la France est le pays agricole d'Europe le plus en pointe dans la
"réduction à la dépendance aux pesticides". C'est d'ailleurs elle qui
a fait adopter cette disposition dans le droit communautaire lorsqu'elle en
assurait la présidence (Directive 1107/2009). La France apparaîtrait comme le
mauvais élève alors qu'elle est première de la classe : j'en veux pour preuve
les nombreux cas de distorsion de concurrence liés à l'autorisation dans
d'autres pays européens de préparations interdites en France.
De nombreux efforts sont actuellement
en cours pour réduire toujours davantage l'utilisation des produits
phytosanitaires dans l'agriculture. Néanmoins, il faut laisser à l'agriculteur
le temps de s'adapter à ces modifications que ce soit en testant des
alternatives en cours de développement, en investissant dans du matériel ou en
adaptant ses cultures sans mettre en péril l'équilibre économique et la survie
de son exploitation. N’oublions pas que le premier exposé à ces substances est
l'agriculteur lui-même en effectuant les traitements.
C'est dans le cadre de recherche
d'alternatives à l'utilisation de produits phytosanitaires que mon collègue
Antoine Herth a réalisé, dès 2010/2011, une mission parlementaire sur les
"techniques du bio-contrôle comme alternatives aux pesticides"
débouchant sur une série de propositions transcrites dans les politiques des
gouvernements successifs. Il y est avant tout question d'agronomie, de
recherche d'alternatives, de recomposition des assolements y compris de
développement d'agriculture biologique.