Après un premier forum-débat sur la
ruralité qui a eu lieu en avril dernier à Carelles, le député Yannick Favennec
avait choisi le thème du numérique : "Les territoires ruraux face aux
enjeux du numérique dans notre vie quotidienne", pour débattre, jeudi 31
mai, à Ernée.
Devant près de 120 personnes, quatre
angles ont tout d'abord été abordés par des intervenants spécialisés dans le
numérique et la téléphonie mobile, avant un échange avec la salle.
La fédération française des télécoms
a ainsi pu présenter "l'accord inédit", intervenu en janvier dernier,
entre l’État et les opérateurs afin de couvrir l'intégralité des zones blanches
en 4G d'ici 2022. De nouvelles communes mayennaises devraient d'ailleurs
être prochainement annoncées en zones blanches et bénéficier de cet
accord. Les opérateurs se sont engagés à couvrir prioritairement ces
zones et à financer l'intégrité de la procédure, de l'installation de l'antenne
de téléphonie mobile à son allumage.
Eloïse Kambrun Favennec (juriste en
télécommunications), Philippe Gosselin, député de la Manche et membre de la
Cnil (Commission nationale informatique et libertés), ainsi que Eric Filiol,
directeur d'un laboratoire de recherche (virologie et cryptologie) à l'Esiea de
Laval, ont abordé les avantages du numérique, en matière de développement et
d'attractivité, et les risques, notamment ceux liés à la fracture des usages et
à la protection des données personnelles.
Si, comme Yannick Favennec a pu le
dire au début de son propos, les territoires ruraux peuvent surmonter leurs
handicaps au travers du numérique et devenir plus attractifs, il n'en reste pas
moins que tous ont mis en garde contre le risque de déshumanisation des
relations et de mise à l'écart des personnes qui ne savent pas ou ne peuvent
pas utiliser internet.
"Il est plus que jamais
essentiel d'accompagner le développement du numérique, au travers de la
pédagogie, dès le plus jeune âge", a souligné Philippe Gosselin.
Pour Eric
Filiol, l'initiation aux usages du numérique doit d'ailleurs s'adresser à tous
car "cette fracture n'est ni une question d'âge ni une question de milieu
social". Il a également dénoncé la dématérialisation excessive de
certains services qui ne permettent plus d'être en contact "avec un seul
être humain" et qui "nous rendent de plus en plus dépendants des
technologies".
Alors que, le gouvernement a comme
objectif : "100% des démarches administratives en ligne d'ici 2022, et
plus globalement d'appuyer fortement la révolution numérique qui est en
cours", a rappelé Yannick Favennec, "il faut veiller à ne pas faire
de la technologie une source de discrimination et de fragilisation tant des
personnes que de l'ensemble de la société".
La protection des données
personnelles a également été un sujet d'inquiétude de la part des personnes
présentes dans l'assistance. Aussi, Éloïse Kambrun Favennec a présenté
rapidement le nouveau règlement européen sur la protection des données qui
"vise à responsabiliser les entreprises et collectivités territoriales qui
collectent et traitent nos données, et à renforcer les droits des citoyens pour
faire face aux éventuels abus et atteintes à la vie privée".