Monsieur le ministre,
Savez-vous que près de 8000 vols ont été recensés par les gendarmes dans les exploitations agricoles, entre janvier et septembre de cette année, soit une progression de 7,5 % : vols de matériels (tracteurs, fioul, gazole), de bétail (veaux, moutons dépecés sur place), de cultures (vignes, céréales...)?
Savez-vous que ces vols et dégradations représentent des années de travail, et un préjudice financier sans précédent, pour nos agriculteurs qui ont déjà beaucoup de mal à faire face à une situation économique catastrophique ?
Savez-vous que cette délinquance ne touche pas seulement le monde agricole mais également l'ensemble des habitants des territoires ruraux ?
Dans ma circonscription du département de la Mayenne, on ne compte plus les cambriolages de maisons d'habitation. Encore le week-end dernier, dans des petites communes du canton de Gorron, plusieurs domiciles privés ont été visités et vandalisés.
Il y a trois semaines, c'est un autre canton, celui de Loiron, dont des communes ont fait l'objet d'exactions : maisons d'habitation, mais aussi mairies et entreprises ont été cambriolées. Des câbles téléphoniques ont été volés dans la commune de Montjean privant, ainsi, pendant plusieurs jours, six cents habitants de téléphone.
Plus généralement, pour le département de la Mayenne qui se classait, jusqu'à ces dernières années, parmi les départements les plus sûrs de France, la situation est en train de changer puisque, en 2012, le nombre de cambriolages a dépassé les 1200, contre 750 il y a trois ans. De tels chiffres ne s'étaient jamais vus et les premières estimations de 2013 ne sont guère encourageantes.
Je pourrais, malheureusement, multiplier les exemples et les faits, monsieur le ministre, tant l'insécurité est devenue, ces derniers mois, une donnée nouvelle mais essentielle de la vie de nos territoires.
L'exaspération monte dans nos campagnes et le risque c'est que les ruraux traduisent leur colère dans les urnes, soit par une forte abstention, soit par un vote en faveur des extrêmes, à l'occasion des prochaines échéances électorales.
Vous n'êtes pas seulement le ministre de l'Intérieur de Paris, Nice ou Marseille!
Vous êtes aussi le ministre de l'Intérieur des onze millions d'habitants qui occupent 80 % du territoire national, qui aspirent aux mêmes droits, à la sérénité, à la tranquillité et à la sécurité que celles et ceux qui vivent dans les grandes villes, les banlieues et les agglomérations.
Alors, monsieur le ministre de l'Intérieur, il y a urgence à réagir ! Nous attendons de votre part des réponses fermes, rapides et efficaces.
Je connais le dévouement et le professionnalisme des forces de l'ordre.
Mais je vous demande de mobiliser encore davantage nos gendarmes, de multiplier et intensifier les patrouilles, de vous attaquer aux filières organisées qui, en quelques heures, transportent leurs butins d'une frontière à l'autre.
Mettez en place "des communautés d'exploitants vigilants" ou "des communautés d'alerte", sensibilisez vos "correspondants sûreté", mettez-les à l'écoute du monde rural, et des agriculteurs en particulier, resserez les liens entre les gendarmes et les maires ruraux qui se plaignent d'un manque de dialogue.
Mettez en place "des communautés d'exploitants vigilants" ou "des communautés d'alerte", sensibilisez vos "correspondants sûreté", mettez-les à l'écoute du monde rural, et des agriculteurs en particulier, resserez les liens entre les gendarmes et les maires ruraux qui se plaignent d'un manque de dialogue.
Monsieur le ministre, je vous invite à venir rencontrer la France rurale, cette France où vous n'êtes jamais venu depuis votre prise de fonction.
Je vous emmènerai dans ces villages où les ressources fiscales sont faibles et les aides de l'Etat en baisse. Je vous emmènerai dans ces villages où votre réforme des élections départementales va les éloigner, voire les exclure, des centres de décisions. Je vous emmènerai dans ces villages où la disparition annoncée de la sous-préfecture les transformera en désert républicain. Je vous emmènerai dans ces villages où la réforme des rythmes scolaires de votre collègue de l'Education nationale, aura des conséquences financières lourdes.
En espérant, au nom des habitants de la ruralité, enfin votre visite sur le terrain, je vous prie de croire, monsieur le ministre, à l'assurance de ma haute considération.
Yannick FAVENNEC.