Le député UDI de la Mayenne s'est exprimé, lundi 10 octobre, à l'occasion de la réunion de la commission départementale de coopération intercommunale (CDCI) visant à statuer sur le projet de fusion entre le pays de Loiron et la communauté d'agglomération de Laval au 1er janvier 2017.
Découvrez-ci-dessous le texte de l'intervention de Yannick FAVENNEC.
"Je m'exprimerai
ce matin, comme je l'ai fait lors de la réunion de la CDCI du 15 mars dernier,
en ma qualité de représentant du président du conseil régional des
Pays-de-la-Loire mais aussi en tant que
député de la circonscription dans laquelle se situe la communauté de communes
du pays de Loiron.
Je le fais avec
la même volonté de respect de la loi, de respect de la démocratie locale exprimée par une
majorité d'élus, et avec le même souci de préservation de l'identité rurale
d'un territoire : celui du pays de Loiron.
Je ne reviendrai
pas sur les conditions du déroulement de la précédente réunion
de la CDCI, en particulier sur l'organisation du scrutin, bien qu'il y aurait
certainement beaucoup à dire...
Je ne reviendrai
pas non plus, en détails, sur les arguments que j'ai déjà eu l'occasion de
développer. Ils n'ont pas changé. Je persiste, en effet, à
penser que pour se marier il faut être deux et en exprimer le désir réciproque
; ce qui est loin d'être le cas dans le contexte actuel.
Depuis cette
réunion du 15 mars dernier, les conseils municipaux des territoires concernés
se sont réunis et se sont exprimés : une
majorité d'entre eux ne s'est pas prononcée pour la fusion de l'agglomération
de Laval avec la communauté de communes du pays de Loiron.
Depuis la dernière réunion de la CDCI, vous
êtes arrivés dans notre département monsieur le préfet pour y prendre vos
fonctions et je voudrais vous remercier publiquement de la manière dont vous
avez abordé ce dossier si sensible sur lequel je m'étais permis d'attirer
aussitôt votre attention.
Vous l'avez fait
sans a priori, avec une vraie volonté d'écoute et de concertation
des acteurs de terrain que sont notamment les élus locaux.
Monsieur le
préfet, vous êtes le représentant de l'Etat en Mayenne et mieux que quiconque
vous savez à quel point il est essentiel que la loi votée par le Parlement soit
respectée et appliquée, conformément à la volonté du gouvernement.
Aussi, je me
permets de rappeler que le seuil du nombre d’habitants fixé par la loi pour une
fusion est de 15 000 habitants. En ce qui concerne le pays de Loiron nous
sommes au-delà de ce seuil avec 17 000 habitants.
Néanmoins, si
vous deviez considérer que cet élément, pourtant
majeur, n’était pas suffisant, un autre point me paraît essentiel : celui du respect de la démocratie et,
par-delà, celui du respect des élus locaux qui sont ceux qui connaissent le
mieux la vie de leur territoire et notamment les conséquences négatives qu’une
fusion au 1er janvier 2017, ou même 2018, pourrait engendrer.
En effet, comme j’ai pu le dire il y a
quelques instants, ces derniers mois, et conformément à la loi, les conseils
municipaux des deux territoires concernés se sont exprimés et une majorité
d’entre eux ne s’est pas prononcée pour cette fusion.
Cette absence
d’adhésion massive à cette fusion immédiate n’est pas l'expression d’une vision
passéiste, étriquée et fermée à l'évolution des
territoires.
NON ! Elle est
au contraire l'expression d’un sens aigu des responsabilités de la part des
élus concernés qui ne veulent pas agir de façon
aussi radicale, dans la précipitation, et sans véritable étude d’impact.
Qui pourrait
leur reprocher un tel comportement, un tel choix, alors qu’ils sont tout
simplement et totalement dans leur rôle d’élus dans le respect de la loi NOTRe
et dans celui de l'avenir des habitants de leurs communes ?
Faites confiance
au bon sens des élus de terrain que sont nos élus locaux. «Je suis frappé par la pertinence du regard que les élus portent sur
leur territoire ». Ce n’est pas moi qui le dit, même si je le pense
très fort, mais cette phrase est de Christophe GUILLUY, le théoricien de « La France périphérique ».
Monsieur le
préfet, j’en appelle à votre clairvoyance, à votre sens du dialogue et de
l’écoute, afin que cette réunion d’aujourd'hui, qui est un peu celle de la dernière chance, soit une porte ouverte sur la poursuite
de la concertation permettant ainsi de
donner du temps au temps afin que ce projet, peut être inéluctable quant à sa finalité, soit une
réussite pour l’ensemble des parties prenantes.
Monsieur le
préfet, aujourd'hui, le législateur que je suis, et dans l’esprit de mes
interventions à l'Assemblée nationale au
cours des débats parlementaires sur la loi NOTRe, je vous demande de ne pas
forcer le destin, de prendre le temps de mûrir cette fusion en poursuivant le dialogue avec les élus locaux avant de
prendre une décision qui, je l’espère, permettra aux équipes municipales actuellement en place de préparer
l’aboutissement d’un tel projet pour le mandat suivant.
Permettez-moi
pour terminer de faire un parallèle avec le secteur économique où les
fusions sont considérées comme une des voies privilégiées de développement des
entreprises. Pourtant, un nombre important d’opérations de rapprochement
n’apportent pas les bénéfices attendus, voire échoue, car un aspect essentiel, celui des ressources humaines n’est pas pris suffisamment en compte, alors que
le travail en bonne intelligence entre équipes de cultures différentes compte
autant que les objectifs stratégiques et financiers.
Aussi, si nous
voulons que les synergies espérées avec cette fusion puissent avoir lieu, il
est important que le mariage réalisé d'en haut soit accepté en bas, en tenant compte de l’avis, des
inquiétudes, des attentes et des espoirs des élus du pays de Loiron, sans quoi,
cette fusion sera ressentie comme un mariage forcé démotivant, sans identité
forte et qui laissera place à une routine dénuée d’ambition, une habitude
mortifère que Balzac qualifiait de « monstre »."
Seul le prononcé fait foi.