mercredi 19 mars 2014

Déclaration d’appartenance politique des listes dans les communes de plus de 1000 habitants : "encore une méconnaissance du monde rural ! "

A quelques jours du 1er tour des élections municipales, beaucoup de candidats ont eu la mauvaise surprise de découvrir qu’ils se devaient de déclarer la "nuance politique" de la liste qu’ils présentent  aux suffrages de leurs concitoyens dans les communes de plus de 1000 habitants.

Cela signifie qu’ils doivent obligatoirement  choisir une appartenance politique,  quelle qu’elle soit, sur un nuancier officiel  de 17 tendances. 

Pourtant,  dans nos communes rurales, lorsque des candidats se mettent en quête de bonnes volontés pour constituer leur liste, une des conditions majeures d’engagement des personnes sollicitées est d’appartenir à une liste sans étiquette, réunies autour d’un seul objectif : l’intérêt général de  la commune. 

Cela n’empêche en aucun cas chacun de conserver sa sensibilité politique personnelle, mais cet engagement local, au-delà des clivages traditionnels, traduit bien cet objectif de nos concitoyens d’unir leurs bonnes volontés, leurs compétences, autour de projets partagés. 

C’est pourquoi, choisir aujourd’hui une "nuance politique", c’est peut-être se mettre en conformité avec l’appartenance de certains sur la liste, mais c’est aussi décevoir une autre partie de l’équipe, et risquer la défection de ceux qui ne se reconnaîtront pas dans ce classement. 

Quel peut-être  le bénéfice d’un tel affichage ? Une plus grande transparence vis à vis des électeurs ?  

Non, en milieu rural, ce n’est pas ce qu’attendent nos concitoyens. 

Un trait d’union entre les colistiers ? Non, il s’agit plutôt là d’un trait de désunion, voire de crispation. 

Un plus grand respect des règles démocratiques ? Non, dans nos petites communes les électeurs choisissent des représentants porteurs d’idées et de projets, pas d’une étiquette politique. 

Cette obligation dénote,  encore une fois, une profonde méconnaissance du fonctionnement de notre démocratie en milieu rural, pourtant si représentative des réalités territoriales, parce que riches de leurs différences.  

Au-delà de cette classification en "nuances", cette nouvelle disposition ressemble bel et bien à un fichage politique qui servira très probablement les intérêts du ministre de l’Intérieur, pour mieux évaluer le rapport gauche/droite dans les territoires ruraux.

En réalité, un tel dispositif vient compliquer encore un peu plus un scrutin dont les règles ont  déjà subi de profondes modifications avec, notamment, l’obligation de constituer des  listes bloquées sur lesquelles il n’est désormais plus possible de panacher.

                                                                Yannick Favennec.