Monsieur le
Premier ministre,
Les territoires
ruraux sont une force pour la France et leur poids économique constitue un enjeu
majeur pour le redressement de notre pays.
Le retour à la
croissance et à l’emploi,
l’innovation et le dynamisme viendront des territoires, de nos terroirs, de
cette France rurale qui regorge de talents et de richesses.
Les assises de la ruralité : une fausse bonne nouvelle!
Il y a un peu
plus d’un mois, votre ministre fraîchement nommée, en charge
des territoires ruraux, annonçait
l’organisation des Assises nationales de la ruralité, en octobre et novembre de cette
année.
Nous sommes à
la mi-octobre et à ce jour, à part quelques généralités, nous n’avons
aucune précision sur les
modalités de ces
assises.
Outre le fait
qu’il a fallu deux ans et demi pour qu’enfin un ministre s’occupe des
plus de 60% de Français qui vivent
en zone rurale ou semi rurale - alors que la France est l’un des seuls pays
européens à avoir vu la
population de ses campagnes croître ces cinq
dernières années - ces
assises sont en réalité
une
fausse bonne nouvelle pour nos territoires.
D’une part,
parce que les dernières assises de ce type ont eu lieu il y a moins de cinq ans
et que l’état des lieux fait à l’époque est
toujours d’actualité.
D’autre part,
parce qu’à l’heure de
l’indispensable rationalisation des dépenses publiques, il s’agit là d’une dépense coûteuse et
inutile.
La ruralité : une réponse adaptée aux enjeux de notre société
Aujourd'hui,
monsieur le Premier ministre, l’heure n’est plus au blabla, mais à l’action et
aux résultats.
Qu’il s’agisse des
domaines agricoles, économiques,
budgétaires, éducatifs,
associatifs, du développement de
nos infrastructures et des services, nous savons où se trouvent les potentiels,
les savoir-faire, les attentes, les espoirs, mais aussi les difficultés relayées par
un fort
sentiment de découragement et d’exaspération qui
monte chez nos concitoyens.
Plus que jamais,
la ruralité apparaît comme une réponse adaptée aux nombreux
défis
alimentaires, mais aussi sanitaires et économiques que notre société doit relever.
Avec elle, le
monde agricole, soucieux de respecter notre environnement, d’œuvrer pour
l’avenir et d’assurer l’indépendance
alimentaire de notre pays est un atout sur lequel nous devons nous appuyer.
Alors qu’il est le seul aujourd’hui à dégager un excédent
commercial, la France doit tout faire pour le préserver, l’accompagner,
l’encourager. Pourtant, en dépit de cette évidence, votre
gouvernement baisse continuellement le budget de l’agriculture et ne fait rien en
faveur de la compétitivité
du
monde agricole.
Avoir une politique efficace en faveur de la ruralité
Mais, monsieur
le Premier ministre, pour aider nos agriculteurs comme l’ensemble des forces
vives de nos territoires, il vous faudrait gouverner plus efficacement :
arrêter de multiplier les obstacles à l’emploi ; permettre aux initiatives de voir le jour en
simplifiant les règles, faire enfin confiance aux acteurs de terrain.
Allégez, notamment,
concrètement et rapidement le stock des
normes estimé à 400 000. Votre dernière circulaire incitant les ministres et
les préfets « à privilégier systématiquement une interprétation facilitatrice du droit » n’est pas
suffisante.
Agissez pour
mettre fin à l’hystérie normative
et réglementaire !
Acceptez de ne plus légiférer, comme bon
nombre de gouvernements, par opportunisme électoral, mais par nécessité et dans le
cadre de réformes globales
pragmatiques et respectueuses de la cohérence juridique.
Miser sur les forces vives de la ruralité
Donnez à nos
talents locaux les moyens de progresser et de s’épanouir en leur offrant
l’opportunité de se regrouper
dans des pépinières
d’entreprises,
de rejoindre des structures semblables aux pôles de compétitivité qui existaient
auparavant.
Encouragez
l’innovation et les compétences en
soutenant les projets à la
manière des pôles d’excellence
rurale qui ont permis, sous l’ancienne législature, de créer des emplois et d’améliorer les services à la
population.
Misez sur nos
forces vives, nos agriculteurs, nos commerçants, nos artisans, tous nos
entrepreneurs. À titre d’exemples, soutenez le commerce de proximité dans nos
petites communes rurales, en leur redonnant de l’oxygène grâce aux fonds Fisac dont vous avez fait fondre les crédits de 64 millions d’euros
en 2010, à 32 millions d’euros en 2013 et à zéro euro en
2014.
D’une manière générale,
rassurez le monde de l’entreprise en réformant le
marché et le code du
travail, en abaissant les charges et en stabilisant la fiscalité.
Votre réforme des
professions réglementées, telle que
vous l’envisagez aujourd’hui pour les pharmaciens et les notaires, par
l'ouverture de leur capital et par la liberté d’installation, va transformer nos
territoires en déserts
juridiques et sanitaires !
L'illusion de l'action
Monsieur le
Premier ministre, la diminution drastique des dotations de l’Etat va atrophier
nos territoires. Un département comme
le mien, la Mayenne, va perdre 40 millions d’euros entre 2014 et 2017. Aussi,
lorsque votre ministre chargée de la décentralisation,
vient en personne nous annoncer une réduction des dotations du futur contrat de projets Etat /
Région, les
acteurs des territoires ruraux grondent, s’indignent, s’inquiètent pour
l’emploi et pour la réalisation
d’infrastructures comme nos routes.
Et que dire de
votre réforme
territoriale qui va accoucher d’une usine à gaz incompréhensible, d’un monstre à deux têtes
pour nos départements
ruraux, d’une complexité
juridique
et bureaucratique supplémentaire, là où nos
élus locaux réclament de la
proximité,
de la simplicité, et de la
clarté pour davantage
d’efficacité.
Monsieur le
Premier ministre, si vous ne réagissez pas
rapidement, nous allons vers une aggravation de la fracture sociale et
territoriale dans notre pays et vos assises de la ruralité, si elles ont lieu, ne seront qu’une
nouvelle illustration de votre art de la non décision, tout en donnant
l’illusion de l’action !