jeudi 5 juin 2014

Réforme territoriale : Pour Yannick FAVENNEC on ne s'improvise pas grand bâtisseur des régions


La réforme territoriale qui nous est proposée par le président de la République s’apparente à une sorte de grand "meccano des territoires".

Et si j’emboitais cette région des Pays-de-la-Loire avec la région Centre ? Ou si je l’assemblais avec Poitou-Charentes ? Et pourquoi pas la Bourgogne avec la Franche-Comté ?

Et si je transférais les pouvoirs des conseils généraux aux assemblées intercommunales ?  Et si…. Et si…et si ????

Tout cela donne l’impression d’un meccano monté à la va-vite, sans réflexion profonde, sans critères objectifs et adaptés pour un résultat bancal façon Tour de Pise. 

Grand bâtisseur des régions, cela ne s’improvise pas !

Je suis totalement favorable à une évolution et à une simplification du mille-feuille administratif existant.

Le constat des lourdeurs de cet enchevêtrement territorial est d’ailleurs assez largement partagé et je considère qu’il est de notre responsabilité à tous d’agir.

Je ne pense cependant pas que l’on puisse traiter les territoires français avec autant de légèreté, d’amateurisme de précipitation, dans les rapprochements nécessaires à plus de compétitivité, d’attractivité et d’économies.

Cette réforme territoriale n’est pas un simple jeu de Légo entre les mains du président de la République qui fait et défait au gré de ses envies, des conseils de ses amis… 

Le chef de l’Etat n’est pas un monarque, mais le représentant du peuple français. A ce titre, il doit entendre les revendications concrètes issues du terrain.

Or, le président de la République veut aller vite sur ce dossier, trop vite certainement et semble hermétique aux différents avis des conseils régionaux issus d’une procédure démocratique.

Si le temps de la décision politique est très court, il doit cependant tenir compte du temps plus long et mesuré des territoires. 

En effet, l’organisation territoriale française actuelle est le fruit d’une évolution séculaire basée sur des critères historiques.Ainsi, par exemple, les régions ont été créées en s’appuyant sur les départements eux-mêmes créés en 1791 sur le terreau des vieilles provinces de l’Ancien Régime. 

Il y a donc une certaine légitimité à ce que la région des Pays-de-la-Loire soit rattachée à la région Bretagne.

Il faut agir, oui, mais agir efficacement et de façon réfléchie. On ne peut pas redessiner une carte des régions françaises à Paris, à la va vite et sur un coin de table ... 

Notre région des Pays de la Loire a ainsi changé trois fois de concubin potentiel dans la même soirée à l’Élysée !!

De toute manière, cela n’apportera pas grand-chose de redécouper la carte des régions et de supprimer les conseils généraux si on n’a pas répondu au préalable à quatre questions fondamentales : 

Quelle répartition des compétences veut-on et qui fera quoi précisément ?

Quelles missions l’État doit-il continuer à exercer sur les territoires et que déléguera-t-il définitivement ?

Quelles ressources fiscales pour permettre aux collectivités d’exercer leurs compétences ?

Enfin, que vont devenir nos communes ?

La France compte actuellement 36 681 communes et il est nécessaire d’ouvrir la réflexion dans deux directions :

Faut-il fixer un seuil de population en deçà duquel une commune existante devrait se rattacher à une autre plus importante, mais alors quid de l’avenir de nos territoires ruraux dans un tel scénario?

Faut-il fusionner les communes qui présentent une continuité territoriale, ce qui risque à contrario de poser la question des territoires urbains denses ?

Voilà les questions qui restent en suspens avec la réforme inachevée qui nous est présentée aujourd’hui et qui, comme pour un beau montage de Légo nécessite de la réflexion, du savoir-faire, de la cohérence et de l’humilité face au chantier qui s’annonce.

A l’image des pièces de Légo, quand des régions ne peuvent ou ne veulent pas s’emboiter, il n’est pas nécessaire de les forcer sous peine de rupture.

Yannick FAVENNEC.