"Je suis déçu par l’intervention du Président de la République, hier soir à Saint-Quentin parce qu’il repousse encore une fois aux calendes grecques (après l’été) la régulation des rémunérations indues des hauts managers.
Pendant la campagne électorale, Nicolas Sarkozy s’était engagé à encadrer les rémunérations annexes. En septembre dernier, à Toulon, il avait affirmé vouloir le faire avant la fin de l’année 2008.
Face à une économie qui dérape, à un chômage qui met, encore ce mois-ci, sur le bord de la route, des milliers de personnes, et à des dirigeants qui piétinent l’intérêt général de leur entreprise, l’heure est à l’action concrète!
Je suis mal à l’aise devant le peu d’empressement élyséen à légiférer pour mettre un terme à la démesure scandaleuse des managers voyous, alors que pour les bandes-voyous, le Président de la République, et il a raison, se pose en gardien de l’ordre public et, là, veut une loi en urgence.
La délinquance n’existe pas que dans les banlieues, elle est aussi bien réelle dans l’économie et c’est un des enseignements de la crise.
Le Président, dans son discours d’hier soir, en a appelé à la responsabilité morale de chacun, moi j’en appelle à sa responsabilité sociale et la responsabilité législative de mes collègues parlementaires.
Nous ne pouvons laisser pourrir la situation. La majorité a un challenge à relever, celui de mettre de l’éthique dans le fonctionnement de l’économie. Elle ne doit pas faire preuve de frilosité et oser imposer, si nécessaire, au Président de la République l’évidence et la nécessité d’une loi dans ce domaine.
Nicolas Sarkozy et sa majorité ne doivent pas envoyer des signes d’injustice aux Français qui subissent de plein fouet la crise, et aux patrons de PME, TPE et aux artisans qui se battent pour garder la tête hors de l’eau et sauver leurs entreprises. Ceux qui n’arriveront pas à traverser cette crise, perdront tout. Pour eux, pas de parachutes dorés, mais la faillite !
Total, la Société générale, Valéo et aujourd’hui le Crédit agricole, et demain…
Ces grands dirigeants font preuve d’incivisme, d’immoralité et de mépris à l’égard des salariés.
Si la majorité à laquelle j’appartiens ne veut pas, elle non plus, faire preuve de mépris à l’égard des salariés, elle doit légiférer en urgence.
La moralisation du capitalisme, ce n’est pas qu’un grand principe, cela doit être du concret.
En Mayenne, Valéo va licencier 92 personnes, et je ne me reconnaîtrais plus dans une famille politique qui accentuerait un peu plus leur désarroi et leur colère en refusant d’encadrer par la loi les rémunérations annexes des dirigeants dont l’entreprise a un plan social ou bénéficie d’aides publiques.
Notre majorité doit avoir pour vertu d’agir concrètement pour la moralisation du capitalisme, dès maintenant.
Attendre plus longtemps serait encourager les dérives et creuser le fossé entre le Président de la République et les Français.
Nicolas Sarkozy a l’occasion de montrer que sa fermeté et son désir de justice sociale ne sont pas des vains mots.
Il doit recréer les conditions d’une confiance avec les Français, mais aussi avec de plus en plus de députés de sa majorité qui doivent rendre des comptes sur le terrain et qui auront bien du mal à expliquer un attentisme et une forme d’autisme auxquels Nicolas Sarkozy ne nous avait pas habitués depuis le début de son quinquennat."